Qu’est-ce qu’un interniste?

L’interniste est le spécialiste qui est consulté pour les problèmes de santé médicaux chez l’adulte, qui investigue et prend en charge les cas complexes ou rares, incluant aux soins intensifs, et qui est une pierre angulaire en formation médicale.

L’interniste diagnostique et traite la majorité des problèmes médicaux affectant tous les organes du corps. On lui dirige des patients atteints de maladies complexes ou énigmatiques. Il soigne ses patients en cabinet, à l’hôpital même aux soins intensifs. Il travaille autant en régions éloignées qu’en métropole. Il joue un rôle essentiel dans la formation des futurs médecins. Il détient l’expertise pointue d’un spécialiste mais soigne avec la vue d’ensemble d’un généraliste.

Il y a, à l’heure actuelle 750 internistes, ou spécialistes en médecine interne, pratiquant au Québec, ce qui fait de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec la cinquième plus grande association au sein de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Cette spécialité demeure toutefois méconnue au sein de la population générale, en partie en raison de la difficulté à saisir rapidement les champs d’activités de notre spécialité. Pourtant l’interniste est l’un des maillons essentiels du système de santé québécois.

L’interniste est un spécialiste, au même titre qu’un chirurgien ou un cardiologue. Pour être interniste, il faut donc avoir terminé le doctorat en médecine, et accomplir subséquemment une formation de 5 ans, dite « résidence », en spécialité. Pendant ces 5 années de formation post-doctorale, l’interniste acquiert une formation spécialisée dans les spécialités médicales suivantes: la cardiologie, la pneumologie, la néphrologie, la gastroentérologie, l’hématologie, l’oncologie médicale, l’infectiologie, la dermatologie, la rhumatologie, l’endocrinologie et la neurologie. Cet ensemble de connaissances lui permet de comprendre, de diagnostiquer et de traiter la plupart des problématiques médicales complexes de l’adulte, et ce, peu importe le ou les organes atteints. De surcroit, les internistes travaillant en milieu universitaire auront accompli 1 ou 2 autres années supplémentaires de spécialisation à l’étranger pour compléter leur formation.

Avec une formation touchant à tant de facettes de la médecine, les champs d’activités potentiels de l’interniste sont multiples et il privilégiera certains aspects de la pratique médicale selon les besoins du milieu dans lequel il travaille.

Cette polyvalence est sans aucun doute la qualité première de notre spécialité, mais c’est aussi à cause d’elle qu’il est impossible d’avoir une définition unique de notre pratique.

Le spécialiste aux multiples facettes :

L’interniste dans les grands hôpitaux:

Voici quelques exemples des champs d’exercices possibles d’un interniste au sein d’un hôpital universitaire ou d’un hôpital communautaire de large taille.

Soins intensifs :

De par leur formation polyvalente, les internistes sont les spécialistes tout indiqués pour s’occuper des multiples pathologies des patients qui sont aux soins intensifs. D’ailleurs, la grande majorité des médecins travaillant aux soins intensifs au Québec sont des internistes, nombre d’entre eux, surtout en milieu universitaire, ayant une formation supplémentaire en médecine de soins intensifs. Il s’agit là d’un champ d’exercice qui requiert d’une part beaucoup de connaissances précises en raison des pathologies spécifiques qu’on y retrouve (patients avec infection systémique, en insuffisance respiratoire, en coma, etc. ) et des traitements impliqués (thérapies intraveineuses pour le maintien de la tension artérielle, support ventilatoire avec respirateur, etc.) et d’autre part des connaissances dans plusieurs sous-spécialités telles que la cardiologie, la pneumologie, l’infectiologie, etc., connaissances qu’il faut intégrer, amalgamer et appliquer rapidement, souvent dans un contexte de vie ou de mort.

Médecine obstétricale :

Certaines grossesses sont dites « à risque élevé ». Ce sont des grossesses ou la patiente et/ou le fœtus présentent des caractéristiques qui pourraient compromettre un déroulement normal de la gestation. Dans ces grossesses à risque élevé, l’obstétricien s’occupe de tout ce qui est relié à la santé du fœtus et au bon déroulement de l’accouchement alors que l’interniste verra plutôt à s’occuper de maladies dont la femme enceinte pourrait souffrir au moment cette grossesse.

Il traitera les femmes enceintes souffrant de troubles chroniques (polyarthrite rhumatoïde, diabète, maladie inflammatoire intestinale) et de problèmes médicaux reliés à la grossesse elle-même (hypertension gestationnelle, diabète gestationnel, pré-éclampsie).

Cela exige de l’interniste, encore une fois, des connaissances variées dans différentes spécialités ainsi que des connaissances spécifiques à la situation puisque les traitements qu’on peut donner en grossesse ne sont pas les mêmes que pour la population générale.

Le spécialiste des diagnostics :

Il faut souligner que l’interniste sera souvent consulté par ses collègues spécialistes ou omnipraticiens afin de préciser le diagnostic chez des patients aux prises avec des problématiques médicales complexes et souvent plurisystémiques. En effet, de par sa formation spécialisée polyvalente, il est souvent le mieux outillé pour connaitre les maladies touchant simultanément différents organes. Il est en quelque sorte le spécialiste des diagnostics.

L’enseignement

L’interniste est grandement impliqué dans la formation des futurs médecins. Tous les médecins en pratique ont été formés au moins en partie par un interniste. Il est également au centre de la formation médicale continue aux omnipraticiens.

Et plus encore…:

Plusieurs autres domaines relèvent aussi principalement de la médecine interne, parce qu’ils nécessitent des connaissances à large spectre, associées à des connaissances très spécialisées. La médecine vasculaire, l’évaluation préopératoire et les unités d’enseignement constituent une liste non exhaustive de ces domaines.

L’interniste dans les petits hôpitaux

Au sein d’un petit hôpital communautaire, les champs d’activités d’un interniste seront  différents et très variés.  Par ses connaissances étendues de plusieurs spécialités médicales, l’interniste sera le spécialiste consultant le plus souvent demandé pour tous les cas de deuxième ligne.

La population québécoise, dans toutes les régions du Québec, a besoin de groupes de médecins spécialistes capables de répondre en temps opportun aux problématiques urgentes et moins urgentes. C’est ici que la polyvalence de la médecine interne prend toute son importance puisqu’il peut répondre à la grande majorité des consultations des différentes sous-spécialités médicales que ce soit en cardiologie,  en pneumologie, en néphrologie, en gastroentérologie, en hématologie, en oncologie médicale, en infectiologie, en dermatologie, en rhumatologie, en endocrinologie ou en neurologie.

Ainsi, si vous êtes hospitalisés dans un de ces nombreux hôpitaux (ex. : Sept-Îles, Rivière-du-Loup, Jonquière, Alma, Roberval, Dolbeau, La Malbaie, Victoriaville, Shawinigan, Drummondville, La Tuque, Lac Mégantic, LaSalle, Rouyn-Noranda, La Sarre, Amos, Kamouraska, Matane, Baie-Comeau, Maria, Gaspé, St-Anne des monts, les Îles de la Madeleine, Chandler, St-Georges, Thetford, Montmagny, Mont Laurier, Argenteuil, Grandby, Valleyfield, Cowansville, Chibougamau)  c’est à un interniste que le médecin de famille vous référera le plus souvent pour les problématiques médicales.

À titre d’exemple,  si vous faites une crise cardiaque dans un de ces hôpitaux, vous serez référé, non pas à un cardiologue, mais à un interniste:  celui-ci lira vos électrocardiogrammes, et pourra éventuellement procéder à une échographie cardiaque ou à une épreuve d’effort sur tapis roulant.  Si vous présentez plutôt un problème de la glande thyroïde ou un diabète, vous serez référé par le médecin de famille le plus souvent, non pas à un endocrinologue, mais à un interniste. Enfin, si vous êtes diabétiques, que vous faites une pneumonie et que le tout provoque une crise cardiaque, c’est à un interniste que vous serez référés plutôt qu’à un cardiologue, un pneumologue et un endocrinologue.  Dans de tels hôpitaux, il est impossible d’avoir l’ensemble des sous-spécialités sur place. Les médecins étant tenus d’offrir la garde en 2e ligne 24 heures par jour, 7 jours par semaine, tout au cours de l’année, il faudrait pour assurer cette garde une équipe d’au moins 4 cardiologues, 4 gastroentérologues, 4 pneumologues, 4 endocrinologues, etc. Or, compte tenu de la taille de ces hôpitaux, il n’y aurait pas assez de débit  de patients, pour justifier au quotidien la présence de tous ces médecins. En revanche, une équipe d’internistes peut adéquatement couvrir la garde de 2e ligne en assumant les fonctions de consultants pour ces différentes sous-spécialités en plus d’effectuer une panoplie de techniques d’investigations spécialisées telles que les scopies digestives et pulmonaires, les biopsies de moelle osseuse, les échographies vasculaires et cardiaques, etc.

C’est donc judicieusement que ces hôpitaux ont décidé d’asseoir la prestation de la médecine spécialisée sur des groupes d’internistes.

Ce que l’interniste n’est pas

Ayant défini assez bien ce qu’est un interniste, il est important d’expliquer également ce que l’interniste n’est pas.

L’interniste québécois est distinct des internistes ailleurs dans le monde, notamment aux É.-U., et même, jusqu’à un certain point, distinct des autres internistes canadiens.

Il est important de préciser que les internistes américains, malgré leur nom, sont des médecins de première ligne alors que les internistes québécois sont des spécialistes de deuxième ligne. Les internistes américains ont une résidence (formation post doctorale) de seulement 3 ans, soit un an de plus que les médecins de famille, formation au terme de laquelle ils ne sont pas tenus de passer des examens. Enfin, les internistes américains qui œuvrent en milieu hospitalier sont souvent appelés «hospitalistes», ce qui est synonyme de «médecins de première ligne en milieu hospitalier»: ils font l’équivalent de ce qu’un médecin généraliste fait dans plusieurs hôpitaux québécois qui assurent le suivi quotidien des patients hospitalisés.

Rappelons que les internistes québécois sont des spécialistes avec une résidence de 5 ans (tout comme plusieurs autres spécialistes québécois) au terme de laquelle ils doivent obligatoirement réussir les examens de spécialité sans quoi ils ne peuvent pratiquer. À ce titre, les internistes québécois font figure de précurseurs au sein du Canada, puisque la formation post doctorale en médecine interne au Québec a été augmentée de 4 à 5 ans en 2002 alors qu’elle n’était que de 4 ans dans le reste du Canada. Ce n’est qu’en 2012 que le Collège Royal des médecins et chirurgiens du Canada a à son tour introduit la formation en médecine interne générale de 5 ans pour le reste du Canada.

Il est important de distinguer le spécialiste en médecine interne « pure » du sous-spécialiste affublé du titre d’interniste et d’un titre de sous-spécialité (par exemple un spécialiste en cardiologie qui s’affiche comme étant interniste et cardiologue ou un autre en gastro-entérologie qui se dit interniste et gastro-entérologue, etc. ):

-le spécialiste en médecine interne «pure » est celui qui a complété sa résidence caractérisée d’abord par trois années de médecine interne dite de tronc commun, c’est-à-dire commune aux autres spécialités médicales et complétée par deux années supplémentaires encore consacrées à la médecine interne afin de parfaire sa polyvalence.

-le sous-spécialiste à « double titre » est un médecin qui a d’abord complété les trois années de médecine interne dite de tronc commun, mais qui par la suite a délaissé la polyvalence au profit de la spécificité en complétant sa formation avec des années de résidence centrée sur une seule sous-spécialité qu’il aura choisie. C’est cette sous-spécialité spécifique qui définira ultérieurement sa pratique et lui donnera son titre, que ce soit la cardiologie ou la pneumologie ou une autre sous-spécialité. Bien que ces sous-spécialistes ne possèdent que trois années de formation spécialisée polyvalente au lieu de cinq, ils ont historiquement le droit d’utiliser le titre « interniste » après avoir passé un examen après le tronc commun de médecine interne. Nous croyons toutefois que cette incongruité sera sans doute résolue dans un futur prochain.

Enfin, il faut préciser que l’interniste québécois n’est pas un médecin de famille. Le médecin de famille fait une résidence de 2 ans et non de 5 ans comme l’interniste. Le médecin de famille fait de la médecine de première ligne, et c’est dans cette activité fort difficile qu’il excelle.

L’interniste est un spécialiste qui fait de la médecine de deuxième ligne, c’est-à-dire que comme tout autre spécialiste, il donne une opinion dans un dossier lorsque celle-ci lui est demandée par un autre médecin. En outre, il ne s’occupe pas de santé mentale, de soins aux enfants, il n’effectue pas de chirurgie mineure et il n’est jamais en première ligne à la salle d’urgence.

En résumé, la médecine interne est une spécialité médicale, une spécialité qui est inclusive, car l’interniste a une formation polyvalente incluant la cardiologie, la pneumologie, la néphrologie, la gastroentérologie, l’hématologie, l’endocrinologie,la rhumatologie ainsi que de l’oncologie médicale, de la dermatologie et de la neurologie. Toutefois, l’interniste n’est pas un cardiologue ni un pneumologue ni un des autres sous-spécialistes: l’interniste n’ayant pas les compétences complètes dans chacune de ces sous-spécialités, mais il est formé pour être un spécialiste consultant pour la majorité des maladies courantes de ces systèmes. Si le besoin se fait sentir, l’interniste réfère le patient à un sous-spécialiste pour les cas moins fréquents nécessitant une expertise plus pointue ou une intervention de 3 ou 4e ligne.

Médecine interne et plateaux techniques

Que ce soit pour prodiguer des épreuves d’effort sur tapis roulant, des échographies cardiaques, des endoscopies digestives, ou toute autre technique, l’accès des spécialistes à ces plateaux techniques est parfois limité en raison de la limitation des budgets accordés par l’état québécois.

L’accès aux plateaux techniques doit être partagé par tous les spécialistes, dans la mesure où le patient en bénéficie. L’accès de l’interniste aux différents plateaux techniques lui permet souvent d’offrir à ses patients un service complet en soins de deuxième ligne au faible coût d’une seule consultation en spécialité, et avec un seul guichet d’accès pour les patients. C’est donc à la fois pratique pour les patients et économique pour le système de santé.

Voici donc en résumé ce qu’est un interniste québécois.

Nous vous invitons à regarder cette vidéo «Passionnés pour la vie»

et à lire cet article «Passionnés pour la vie»

Dans un article publié dans le journal Le Soleil, édition du 12 octobre dernier, le docteur Mario Dallaire, président de l’ASMIQ, communique avec éloquence sa passion pour sa spécialité médicale, la médecine interne.  Voir article de presse :   Passionnes-pour-la-vie-dr-Mario-Dallaire

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